L’atelier Iris Chervet
conçoit des structures spatiales
multiscalaires, ancrant chaque action locale dans sa géographie,
épaisses, donnant de l’espace au vivant et ses métabolismes,
dynamiques, combinant différentes temporalités et mouvements,
qui réassocient les éléments naturels :
la terre, socle tellurique et fertile, qui ancre l’installation humaine
l’eau, fluide aléatoire et vital, qui hydrate les sols
l’air, souffle élémentaire et volatil, qui tempère les climats
en orchestrant des processus
initiateurs de transformations progressives du territoire,
régulateurs de l’espace construit hérité,
régénérateurs des écosystèmes et des ressources primaires,
pour faire émerger
des milieux, où coexistent les règnes végétaux, minéraux et animaux,
des usages, que chacun s’approprie, adapte, interprète, réinvente,
des poétiques, évocatrices, symboliques, mémorielles, imaginaires.
Échelles
Ré-encastrer les géographies naturelles et humaines à 3 échelles :
- territoires
- milieux
- usages
L’entrelacement des échelles, des grands territoires aux détails réalisés, est inhérent au processus de conception de l’agence.
La géographie constitue le socle fondamental de l’urbanisme, à partir duquel émergent les paysages habités. Sa lecture attentive et fouillée, quasi-archéologique, est le préalable à tout projet. Cette archéologie du paysage permet d’identifier les géographies contrariées ou disparues sous l’effet de l’anthropisation, puis de restaurer des systèmes paysagers fonctionnels, ré-encastrant géographies et usages humains.
La résonance entre les échelles fabrique la matérialité du projet : il s’agit de créer du lien sur le territoire par transfert de matières ou par évocation de motifs spécifiques du contexte naturel et culturel local. L’agence procède ainsi par « échantillonnage » des paysages, pour en extraire l’essence, et exprimer leurs composantes élémentaires dans le projet.
Cette itération permanente entre les échelles garantit la cohérence entre les ambitions stratégiques générales et leur concrétisation à l’échelle locale.
Épaisseurs
Réassocier les élément naturels à travers 3 épaisseurs :
- la lithosphère
- l’atmosphère
- l’hydrosphère
Penser le territoire à travers ses épaisseurs plutôt que par ses surfaces ou ses périmètres, c’est redonner de la place au vivant, et préserver les conditions primaires nécessaires à son développement.
Les projets de l’agence ré-associent intimement la Terre, l’Air et l’Eau : ils réactivent leurs métabolismes, considérant la couche superficielle du sol comme une surface d’échange entre les éléments naturels, telle une peau.
La démarche est à la fois scientifique et poétique : scientifique car elle restaure le cycle de l’eau, la valeur biologique des sols, la qualité de l’air ; poétique car elle révèle les éléments naturels dans la composition et l’expression plastique du projet.
Ainsi, les projets mettent en scène le caractère tellurique, hydraulique ou aéraulique spécifique à chaque site, par des résurgences géologiques (Saint-Brieuc), des anémomorphoses végétales (Langrune-sur-Mer) ou des variations d’eaux (Saint-Omer).
Dynamiques
Réactiver des processus métaboliques en orchestrant 3 dynamiques :
- le temps
- les mouvements
- les gouvernances
L’émergence du paysage dans la fabrique de la ville et l’attention de plus en plus forte au Vivant, ont introduit deux nouvelles « matières à projet » : le Mouvement, et le Temps. La force du projet paysager réside dans le fait qu’il associe la dimension physique, matérielle à celles du temps, du mouvement, de l’adaptation permanente. En cela, le projet paysager est un puissant outil de transformation des territoires, à la fois initiateur de l’aménagement urbain, régulateur de l’espace construit hérité, et régénérateur des sols et des écosystèmes.
Mais le projet paysager porte aussi une grande fragilité, la cohérence d’une géographie toute entière pouvant être mise à mal par une construction ponctuelle. La protection et le maintien dans le temps de ces structures spatiales nécessite, au-delà de l’engagement des paysagistes, de requestionner les jeux d’acteurs et les échelles de gouvernances pour penser des paysages en mouvement.